A 5 ans, quand on annonce à une petite fille qu'il faudra faire des piqûres aux doigts tous les jours et qu'il faudra garder dans le ventre une aiguille reliée à une petite "gameboy ", on ne réalise pas ce que l'on nous dit.
Mes parents ont tout pris en charge, ont été formé par les équipes médicales (je remercie notamment le service pédiatrie du CHU d'Angers). Je me souviens encore que ma mère me changeait ma pompe tous les 3 jours et à cette époque, c’était encore des aiguilles que l'on gardait dans le ventre (le cathéter n'existait pas encore et encore moins la crème anesthésiante). Puis il a fallu grandir et prendre en charge soi-même sa santé, arrive alors l'adolescence et je crois que cette période a été la pire pour moi mais aussi pour mes parents. J'ai voulu faire la grande et prendre tout en charge sauf qu'en realité je ne gerais rien du tout. Je voulais vivre comme mes amis et donc cette foutue maladie était secondaire pour moi d'où des épisodes de coma hyperglycemique mais aussi hypoglycemique...
J'aurais plein d'histoires "drôles" à raconter, je dis drôle car maintenant j'en rigole mais sur le coup, je m'en fichais et je mettais ma famille et mon entourage dans l'embarras car il fallait gérer la situation à ma place et ce n'était pas évident. Le diabète est une maladie tellement complexe qu'on ne peut pas la comprendre du premier coup. Je pense qu'il faut avoir subi toutes les situations possibles et inimaginables pour enfin comprendre la perversité de cette maladie qui se cache si bien en nous.
C'est seulement à l'âge de 18 ans que j'ai commencé à me prendre en charge plus sérieusement. Tout d'abord, je finissais mes années lycée et j'allais devenir étudiante, du coup pour réussir à me détacher de mes parents et prendre mon envol, je n'avais pas le choix de me prendre en charge et surtout de le prouver ! Me voilà partie pour mes années d’étudiante...infirmière ! (Et oui, j'ai vécu et vu tellement de choses avec cette maladie que j'ai compris qu'il fallait que j'aide les autres et la meilleure façon était d’être dans le domaine de la santé, je suis actuellement infirmière mais pas en service de " diabeto ") et ravie de pouvoir aider et accompagner les patients du mieux que je peux.
Après mes études et l'obtention de mon diplôme, j'ai compris que le diabète m'accompagnait et en rien devait me freiner dans ma vie, du coup je me suis lancée à l'aventure, je suis partie exercer sur l'île de la Réunion, j'ai fais des sports extrêmes, à sensations fortes. Je fais la fête avec mes amis, je mange de tout...Maintenant, je suis en Europe et je continue à vivre comme je le souhaite et mon diabète s'adapte à mon mode de vie !
Je ne le réalise que maintenant mais ne laissez pas votre vie s’adapter à votre diabète mais plutôt vivez et votre diabète s'adaptera à votre vie. C'est une maladie cachée en nous et du coup, il ne faut pas la laisser s'installer et voler votre vie. Profitez de tout ce que vous pouvez, il ne doit pas vous freiner dans vos rêves !
Actuellement, je suis sous stylo à insuline. J’étais auparavant plus de 10 ans sous pompe mais mon aventure à la Réunion m'a fait stopper la pompe du fait de la chaleur et la transpiration, le " KT " ne tenait jamais à ma peau donc le plus simple était de repasser sous stylo. Ma dernière HbA1C était à 7.8 %. Sachez que pendant mon adolescence je montais jusqu’à 13 % et que le plus bas que j'ai pu atteindre est 7,6 %. J’espère un jour atteindre les 7% mais en rien je ne laisserais le diabète gérer ma vie pour les atteindre. Pour les ados et jeunes qui ont du mal à accepter la maladie et les contraintes de l'insuline, je suis prête à vous parler de mes péripeties et mes passages à l’hôpital pendant mon adolescence...Si je peux vous aidez, ça sera avec grand plaisir ! Surtout ne lâchez rien, même dans les coups durs, on arrive toujours à se relever. J'espère que quelqu'un arrivera à se retrouver dans mon témoignage car je ne connais pas de diabétiques de mon âge dans mon entourage.
Crédit photo : © Fotolia - JackF
Photo d'illustration