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Témoignage

Elodie, 34 ans

Je me présente, je m'appelle Elodie, Elo' pour les intimes. J'avais 9 ans quand on a découvert que j'étais diabétique, voilà comment cela s'est passé : 
Alors que j’étais chez moi en train de me brosser les dents, je vois de la lumière verte (des martiens ? non je ne pense pas) après le trou noir. Quand je me réveille, je suis dans mon lit (est-ce que mes amis martiens m’ont téléportée ? mystère !). Après cet évènement et d’autres facteurs (amaigrissement, acétone, soif H24 …), ma mère décide de m’emmener voir un médecin. Quelques jours passent et nous voilà en famille dans le cabinet du pédiatre, j’aimais bien y aller, je lisais les magazines pour enfants et je jouais avec un cheval bleu sur lequel je montais et je devenais cowboy, super héroïne, motarde...Hey mais qui me casse dans mon jeu ? Ah c’est la secrétaire médicale pour nous dire que c’était notre tour.  

Me voilà devant le médecin qui après m’avoir auscultée déduit que tout est normal, mais ma mère, avait été faire sa petite recherche et n’était pas satisfaite de la réponse du docteur donc réclame une prise de sang (ma 1ère prise de sang yeaaaaah ! Je suis maintenant dans le laboratoire avec de gentilles femmes en blouses blanches alors je me dis que ça ne doit pas faire mal vu comment elles sont si adorables ! Je m’assois, je tends mon bras (« oh comme elle est jolie ta veine ma petite » j’étais fière de moi quand elle m’avait dit ça) et oh tiens du sang, oh tiens je vais tomber dans les pommes, oh tiens mes amis martiens sont de retour. Pour aller mieux, mes parents m’ont acheté un pain au chocolat (mmmmh que c’est bon, s’ils veulent me prendre du sang, je ne dirais pas non contre un croissant cette fois). 

Et nous voilà attendant l’heure des résultats, mes parents paraissent plus angoissés que moi (en même temps à 9 ans à quoi peut-on s’attendre ?). Ah revoilà mes traitres d’infirmières qui m’accueillent avec une  sucette (bon elles se sont rattrapées) hum au citron c’est bon ! Mais pourquoi une autre dame en blouse blanche que je n’avais pas vu vient m’arracher ma friandise ? Ne soit pas jalouse, j’aurai pu t’en acheter une mais tu n’étais pas obligée de me prendre la mienne ! Mes parents parlent avec ma voleuse et nous voici en train de courir car je dois préparer quelques affaires (on part en vacances ? Je ne savais pas, pourtant on n’est qu’en mai ?) mais pourquoi juste mon sac, je ne comprends pas, que se passe-t-il ? Bon ben si je suis toute seule je prends mon doudou et de la lecture (on ne sait jamais je peux m’ennuyer). 
A peine dans la voiture, je vois mes parents pas très bien, ils sont peut-être tristes que je parte seule, non ? J’ai envie de pleurer mais je préfère garder mes larmes pour moi.

Quelques minutes après, nous voici devant un grand immeuble blanc appelé « Hôpital Robert Debré ». 
Pour un endroit de vacances il y a plus joyeux comme nom et nous nous retrouvons devant d’autres femmes en blanc (encore, mais qu’ai-je fait pour mériter ça ?). Une gentille infirmière, qui se baladait en roller, vient me voir et me raconte une histoire, j’ai compris qu’elle parlait de moi et qu’à partir de maintenant j’aurai des piqûres à faire plusieurs fois par jour. Et voilà à partir de mes 9 ans je suis officiellement « diabétique de type 1 » ! Bon ben mes vacances sont ratées. 

Je m’amusais bien à l’hôpital, je ne voulais plus rentrer car je m’étais faite des amis, et puis j’avais peur, je ne craignais pas de me retrouver seule face à mon diabète mais face à la réaction de mes parents car je savais qu’ils allaient angoisser. Les premières années n’ont pas été difficiles, je n’emploierais pas ce mot mais je dirais plutôt, sont à oublier. D’une part pendant un petit laps de temps, j’ai été mise en quarantaine de la part de certains de mes camarades qui pensaient que j’avais une maladie virale (ce qui à bien y réfléchir ne me dérangeait pas car ce sont des idiots , lol) mais ce qui pour moi serait vraiment à oublier est la réaction de mes parents. J’avais l’impression qu’au fond d’eux ils étaient diabétiques à ma place. Je les voyais peinés car il pensaient que je souffrais, alors que non, j’ai reçu mon premier ordinateur alors que je n'avais que 9 ans, que demander de plus ? Et voilà comment j’ai vécu cette « nouvelle vie ». 
 

Passer des infirmiers à mon père pour finir par moi pour me faire les injections a été d’une grande liberté pour moi et pourtant je reste immature. Dois-je me contenter de me dire que j’ai failli mourir jeune et que grâce à ma mère je peux vous écrire cette histoire ? Je pense qu’il me faudrait plus qu’une vie pour la remercier.
 

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