Dans mon malheur, j'ai eu la chance de le découvrir jeune, de ne pas ressasser une vie que je n'ai jamais connue mais plutôt d'avoir envie de m'en construire une remplie d'expériences, une vie riche à en rendre jaloux le commun des mortels. Alors oui, je ne vais pas mentir des fois son poids sur mes frêles épaules de jeune adulte est trop lourd pour moi, des fois, j'ai envie de hurler à l'injustice, je regarde les bleus sur mon corps et je les déteste. Je ressens l'état de faiblesse d'une hypoglycémie imminente et je le déteste, ce sentiment de confusion qui m'envahit. Je suis prise d'une soif insatiable caractéristique d'une hyperglycémie et je le crains. Il me fait peur. Il me rend vulnérable. Je redoute les hémoglobines glyquées tous les trois mois.
Puis j'en parle, je trouve les bonnes personnes, celles qui peuvent m'écouter, me comprendre, celles qui écouteront sincèrement la réponse à la question " mais ce n'est pas trop lourd à porter ? ", je le dédramatise, j'en rigole, je l'explique, je le montre. J'ai longtemps cherché à savoir la place que je voulais qu'il prenne dans ma vie. Trop ? non je ne suis pas mon diabète, je suis une personne, j'ai des choses à raconter autre que lui, je ne veux pas me résumer uniquement à ça. Pas assez ? impossible, j'ai besoin de relâcher la pression, de me délester de ce poids.
Certes c'est un combat, mais ce n'est pas un combat l'un contre l'autre. C'est une lutte acharnée l'un avec l'autre. Alors aujourd'hui à presque 21 ans, j'ai une foi en la vie que je n'aurais probablement pas eu sans ces années de maladies derrière moi. La vie est belle, je voyage, je vis, je tombe mais je me relève, je craque mais on me soutient, je me sens différente des fois trop, incomprise...mais on s'ennuie dans la normalité non ? Même si cela est difficile, usant, épuisant, la vie est belle... même avec mon diabète.