Parmi les différences de santé entre hommes et femmes, la vaccination (contre la grippe, le zona, le pneumocoque ou plus récemment la COVID- 19) tient une place centrale. À travers la littérature existante ainsi que les différentes études menées par le Diabète LAB, la Fédération dispose de chiffres très concrets sur les relations qu’entretiennent les femmes diabétiques avec la vaccination. Focus sur ce phénomène participant à la limitation de la protection de cette population pourtant fragile.
Une défiance autour de la vaccination plus présente
L’étude réalisée par la Fédération Française des Diabétiques en partenariat avec Tous Pour La Santé portant sur le rapport de 3 812 personnes diabétiques à la vaccination grippale en septembre 2019 a révélé que la couverture vaccinale contre la grippe était significativement moins importante chez les femmes que chez les hommes. Les femmes rapportent plus fréquemment l’utilisation de méthodes dites ‘alternatives de vaccination’ essentiellement à base d’homéopathie.
L’étude DIABEPI, effectuée en avril 2021 par la Fédération Française des Diabétiques étudiant le rapport de 3 507 personnes diabétiques à la vaccination contre la COVID-19, a montré que les femmes étaient significativement plus nombreuses que les hommes à se déclarer « pas du tout » ou « pas favorables » à la vaccination.
Bien que plusieurs études de grande ampleur attestent d’une moins grande couverture vaccinale chez les femmes que chez les hommes, ce sujet anime la communauté scientifique. Voici quelques éléments de ce débat que nous avons adaptés à la situation particulière des femmes atteintes de diabète.
L’oubli de soi : une situation particulièrement féminine
Lorsque les besoins, les idées, les désirs et demandes des autres passent toujours avant les siennes ou même les annulent, on évoque « l’oubli de soi ». Un mal que de nombreuses femmes vivant avec un diabète rencontrent au même titre que les autres femmes. Mais comment expliquer cette situation inégalitaire ?
Hommes et femmes n’endossent pas les mêmes rôles, n’ont pas les mêmes attentes, les mêmes comportements, ni les mêmes possibilités sociales (Phillips, 2005). Comme l’écrit Françoise Brugère, philosophe française, à propos de l’éthique du care « en règle générale, les femmes sont beaucoup plus investies dans les relations de soin, d’attachement, bref de sollicitude qui supposent un fort engagement affectif. Les hommes portent plus d’intérêt à leur construction individuelle et établissent des relations qui laissent davantage de place à la compétition, aux règles et aux lois qui permettent l’établissement d’une distance affective dans le rapport aux autres (Brugère, 2009 ) ». Il en résulte que dans le cas d’une aide familiale reposant sur une seule personne, il s’agit d’une femme dans 70 % des cas d’aide au conjoint. De plus, à un niveau de dépendance équivalent, les femmes sont plus souvent placées en établissement par leur conjoint que l’inverse. Enfin, les femmes consacrent en moyenne plus de temps à s’occuper d’un proche souffrant que les hommes et s’occupent davantage des tâches quotidiennes (ménage, toilette, etc.) lorsque les hommes sont plus prompts à se saisir des tâches administratives (Bonnet et al., 2013).
Ce contexte particulier suggère une hypothèse d’apporter un élément de compréhension sur la plus faible couverture vaccinale chez les femmes que chez les hommes.
Tout d’abord, alors que les femmes sont là pour soutenir leur famille du point de vue sanitaire, elles ne bénéficient, de leur côté, que d’un soutien limité. Pour se faire vacciner, il faut pouvoir se dégager un temps (celui du rendez-vous, mais aussi celui des potentiels effets indésirables associés à la réaction immunitaire) , dont elles ne bénéficient pas toutes.
Contre la COVID-19 et la grippe saisonnière, la stratégie vaccinale gouvernementale doit également porter une attention particulière aux femmes. Dans cette cinquième vague, les virus sont de retour et les vaccins possèdent plusieurs valeurs : ils ont ainsi une valeur individuelle notamment pour protéger les plus fragiles d’entre nous et, collective pour limiter la propagation des agents infectieux. Ensemble, nous avons tous un rôle déterminant à jouer dans l’éradication de ces virus.
Pour en savoir plus sur le virus de la grippe, consultez le site de l’Assurance Maladie
Des informations sur le virus COVID-19 sont aussi disponibles.
Le site du Ministère aussi : https://solidarites-sante.gouv.fr/grands-dossiers/vaccin-covid-19/je-suis-un-particulier/
* https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/le-diabete-en-france-les-chiffres-2020
En savoir plus :
Sources :
BONNET C., CAMBOIS E., CASES C., GAYMU J., 2013, « La dépendance : quelles différences entre les hommes et les femmes ? », Gérontologie et Société, 36 / n° 145, 2, p. 55‑66.
BRUGERE F., 2009, « La sollicitude et ses usages », Cites, n° 40, 4, p. 139‑158.
PHILLIPS S.P., 2005, « Defining and measuring gender: A social determinant of health whose time has come », International Journal for Equity in Health, 4, p. 11.
Observatoire des inégalités, 2016, L'inégal répartition des tâches domestiques entre les femmes et les hommes, https://www.inegalites.fr/L-inegale-repartition-des-taches-domestiques-….
