Vous êtes nombreux à nous poser des questions sur la stratégie de déconfinement et les différents tests disponibles ou en cours de validation. Voici un article qui fait le point sur les tests en l’état actuel des connaissances et des informations issues des sources officielles mais beaucoup de questions sur le COVID-19 restent encore sans réponse.
Quels tests et pour quoi faire ?
A ce jour il existe deux types de tests très différents à la fois dans le temps et dans les objectifs.
Le test dit « PCR » (polymerase chain reaction ) de dépistage de la présence du virus dans un organisme
Ce sont les seuls tests actuellement validés par les autorités françaises. « La seule technique de diagnostic biologique du COVID-19 recommandée à ce jour est le test moléculaire par RT-PCR permettant la détection du génome du coronavirus SARS-CoV-2. » (HAS)
Méthode : rechercher la présence directe de l’ARN (génome viral) du coronavirus dans les voies aériennes des personnes susceptibles de porter ce virus.
Il s’effectue par prélèvements naso-pharyngés à l’aide d’un écouvillon plongé au plus profond de la narine : ce test est maintenant très fiable à condition d’être bien réalisé.
Objectif : rechercher les personnes porteuses du virus
• Soit malades à isoler ou à traiter suivant le degré de l’atteinte.
• Soit porteuses asymptomatiques mais contagieuses et donc à confiner pour éviter la dissémination du virus.
Attention un test négatif n’a pas de valeur absolue : il peut avoir été mal réalisé, le virus peut être absent parfois même chez des personnes malades et la personne peut être positive le lendemain !
La répétition de ces tests est donc recommandée chez les personnes à risques (soignants ou personnes en contact avec des personnes infectées par exemple) ou chez des personnes malades initialement négatives.
Les tests sérologiques
Plus de 100 tests sérologiques en cours d’évaluation. La Haute Autorité de santé indique que « Les tests sérologiques doivent permettre la détection des anticorps produits par l'organisme et dirigés contre le virus. Ils témoignent d'une réponse immunitaire de la personne testée et peuvent ainsi démontrer si la personne est infectée ou a été infectée. Ils sont régulièrement cités comme l'un des outils qui seront utilisés lors du déconfinement pour compléter l'offre de diagnostic du Covid-19 sur le territoire et limiter sa propagation. Ils ne permettent toutefois pas de documenter si la personne est contagieuse, ni de savoir si elle dispose d'anticorps protecteurs » (HAS)
Méthodes :
Il y a deux types de tests qui sont en cours de validation par les autorités scientifiques européennes et françaises (Norme CE)
• Des tests réalisés sur un prélèvement sanguin à partir d’une prise de sang, selon la méthode ELISA, qui devront être réalisés dans les conditions habituelles de sécurité et de qualité de la biologie médicale
• Des tests dit « rapides » (soit d’orientation diagnostique-TROD, réalisés par un professionnel de santé ; soit dit rapide par un laboratoire de biologie médicale) qui permettent par une simple goutte de sang déposé sur un petit dispositif, un peu comme le dosage de la glycémie capillaire, de rendre une réponse rapide (quelques minutes) sur la présence ou pas d’anticorps précoces (IgM) ou d’anticorps tardifs (IgG) traduisant sans doute une réelle immunité
Objectifs : rechercher les personnes qui ont eu un contact infectant avec le virus (symptomatiques ou pas) et qui ont développé des anticorps.
Ces tests pourront avoir deux objectifs :
• Un objectif collectif de santé publique : connaitre le taux d’immunisation d’une population. Ainsi l’Institut Pasteur a déjà procédé à des tests nationaux qui ont malheureusement montré que le taux d’immunisation collectif était trop faible pour pouvoir relâcher les mesures préventives : ainsi moins de 13% dans le Grand Est et à peine plus en Ile de France (lien sur la carte)
• Un objectif individuel : qui permettrait notamment aux personnes vulnérables de continuer de se protéger si elles sont négatives et de privilégier les contacts familiaux ou amicaux avec les personnes immunisées….
Mais beaucoup de questions persistent pour le moment et sont non résolues
• A partir de quels taux d’anticorps est-on immunisé ?
• Pour combien de temps une personne est alors immunisée : quelques mois, quelques années, la vie ?
• Une personne immunisée dans son organisme peut-elle être quand même porteuse saine du virus (voies aériennes supérieures, mains…), sans être elle-même malade, si elle vient d’avoir un contact contaminant ?
• …
Que disent les autorités ?
La Haute Autorité de Santé (HAS) vient de publier un cahier des charges pour évaluer la fiabilité des tests sérologiques détectant les anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2/ Covid19. Ce sera une exigence supplémentaire par rapport à la norme CE
• Les tests sérologiques ne sont pas recommandés dans le cadre du diagnostic précoce de l’infection COVID-19 lors de la première semaine suivant l’apparition des symptômes.
• Les tests sérologiques ne permettent pas de statuer sur la contagiosité de la personne.
• Les tests sérologiques permettent uniquement de déterminer si une personne a produit des anticorps en réponse à une infection par le virus SARS-CoV-2.(HAS)
• La commission nationale de biologie médicale CNMB vient de recommander de n’utiliser que des tests PCR ou sérologique dont les techniques ont été validées par un Centre National de Référence, comme l’est par exemple l’Institut Pasteur.
• Signalons enfin, que le gouvernement va publier une Ordonnance devant préciser les conditions et les autorisations de pratiques de tests dans les entreprises
Position de la Fédération
Au regard de ces nombreuses inconnues, la plus grande prudence est recommandée pour toutes celles et tous ceux particuliers, collectivités ou employeurs qui voudraient se procurer des tests par leurs propres moyens.
Comme on le voit, les incertitudes sont immenses et c’est sur les réponses à toutes ces questions que reposeront le choix parmi les multiples vaccins à l’étude actuellement, soit plus de 150. Les équipes les plus avancées annoncent pouvoir faire des tests humains dès le mois de juillet. Mais en tout état de cause, il ne faut pas espérer avoir un vaccin disponible pour le plus grand nombre avant 12 à 18 mois. En attendant, répétons-le encore une fois, la meilleure prévention, ce sont les gestes barrières et pour les personnes vulnérables, la distanciation sociale, aussi pénible que cela puisse être ressenti. Il y va de notre santé et de celle des autres.
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