ENTRED 3 : une étude nationale sur le diabète
La 3ème vague de l’étude Entred ,* lancée en 2019 auprès de 13000 personnes, a pour objectif de décrire les caractéristiques des personnes atteintes d’un diabète de type 1 ou de type 2 , notamment leur niveau socio-économique ainsi que leur état de santé.
Entred 3, comme les précédentes éditions, s’appuie sur la combinaison des données extraites du Système National des Données de Santé (SNDS) et des données issues d’auto-questionnaires auxquels ont répondu 3166 patients diabétiques âgés de plus de 18 ans et tirés au sort dans les bases de l’Assurance maladie (9072 personnes au total).
Une comparaison a été ensuite effectuée avec les études de 2001 et 2007 afin de mesurer les évolutions et d’envisager des stratégies de prévention adaptées.
Que nous enseigne l’étude ENTRED 3 sur les personnes vivant avec un diabète en Métropole ?
En Métropole, les premiers résultats analysés par les chercheurs décrivent :
- Une population masculine en plus forte proportion
2 714 répondants étaient diabétiques de type 2 (55,3 % d’hommes), un chiffre stable par rapport à 2007, 412 personnes étaient diabétiques de type 1 (57 % d’hommes).
- Un vieillissement de la population des patients diabétiques de type 2
Les répondants DT2 avaient un âge moyen de 67,6 ans, avec une ancienneté médiane du diabète auto-déclarée de 10,7 ans. Par rapport à 2007, il est constaté une augmentation de l’âge de 2 ans, une évolution de -8,9 points de la proportion de personnes ayant un diabète récent (21 %) et de -3.8 points pour un diabète diagnostiqué entre 5et 9 ans (19,7%). Des résultats que les auteurs interprètent comme le signe probable du ralentissement de l’incidence du diabète type 2 et de l’accroissement de l’espérance de vie des patients traités.
- Des personnes diabétiques de type 1 jeunes, mais avec un diabète ancien
Les personnes diabétiques de type 1 étaient âgées, en moyenne, de 47 ans et 55,6 % avaient un diabète diagnostiqué depuis plus de 20 ans.
Un niveau socioéconomique plus favorable pour les personnes diabétiques de type 1
34% des personnes diabétiques de type 2 n’avaient pas atteint l’enseignement secondaire. Près de 38% ont déclaré avoir un niveau de scolarité intermédiaire (collège ou équivalent). Elles occupaient majoritairement des postes d’ouvriers et d’employés et les personnes diabétiques de type 1 des professions intermédiaires**.
- Surpoids/ obésité, alcool et tabagisme : des facteurs de risque fréquents et à des niveaux élevés.
L’étude a révélé des facteurs de risque de complications fréquents chez les patients diabétiques de type 2 tels que le surpoids/obésité (80,1%), l’hypertension artérielle traitée (77,6% contre 40,9 % chez les personnes diabétiques de type 1), dyslipidémie traitée (63,8% contre 30,4% chez les personnes DT1), le tabagisme (13,4%), la consommation d’alcool élevée (4,7 %) ou sévère (2,3%).
Des résultats marquants parmi les réponses recueillies chez les personnes diabétiques de type 1 : près de la moitié des répondants était en surpoids (29,2%) ou obèse (20,7%). Le tabagisme (25,3%) et la consommation d’alcool élevée (7,4%) ou sévère (4%) étaient plus importants.
Si l’obésité, le surpoids et le tabagisme se sont stabilisés en 2019, les experts alertent sur le fait qu’ils demeurent très fréquents et restent à des niveaux préoccupants pour « une population à très haut risque cardiovasculaire ».
- Une légère baisse des complications du diabète ?
Les chercheurs notent dans leur analyse « une prévalence de complications micro et macrovasculaires relativement élevée, mais en diminution comparée à 2007 ».
Les répondants diabétiques de type 2 ont déclaré plus fréquemment des complications macrovasculaires : complication coronarienne (18,6%), accident vasculaire cérébral (7,8%).
À l’inverse, les personnes diabétiques de type 1 ont davantage rapporté des complications microvasculaires : perte de la vue d’un œil (3,7%), mal perforant plantaire actif ou ancien (12,9%) contre 6,7% pour les personnes atteintes de diabète de type 2.
Les auteurs précisent, toutefois, que ces résultats seront à confirmer avec les données recueillies auprès des médecins notamment sur le niveau de contrôle des facteurs de risque et de l’équilibre glycémique.
Et après, quelles perspectives ?
D’autres publications complémentaires sont attendues concernant les populations des DROMS (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion) ainsi que les résultats des questionnaires adressés aux médecins pour affiner ces premiers résultats.
Des analyses seront également menées sur des thématiques nouvelles comme le recours aux soins, le retentissement du diabète sur la vie sociale, familiale et professionnelle, le recours aux nouveaux dispositifs et outils connectés, la littératie en santé ou encore l’adhésion au traitement.
Source :
Fosse-Edorh S, Piffaretti C, Saboni L, Mandereau-Bruno L, Bénézet L, Raimond V, et al. Études Entred : un dispositif pour améliorer la connaissance de l’état de santé des personnes présentant un diabète en France – Premiers résultats de la troisième édition conduite en métropole en 2019. Bull Epidémiol Hebd. 2022;(22):383-92. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2022/22/2022_22_1.html
*Entred 3 est un étude réalisée par Santé Publique France, en partenariat avec l’Assurance Maladie et la Sécurité sociale des Indépendants, la Haute Autorité de Santé (HAS) et l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) avec la contribution et le soutien d’autres acteurs de la santé, dont la Fédération Française des Diabétiques.
**Infirmiers, assistantes sociaux, professeurs des écoles, commerciaux, comptables, contremaîtres, etc